Après leur hivernage africain et un vol de plusieurs milliers de kilomètres, elles symbolisent l’arrivée du printemps : les hirondelles commencent peu à arriver et à investir nos villes et villages. Elles sont pourtant de moins en moins nombreuses, année après année. Un déclin qui inquiète la LPO.
Chaque année à la même période, elles sont attendues, espérées. C’est qu’elles sont populaires, les hirondelles. Leur retour marque en effet l’arrivée des beaux jours. Elles appartiennent à ce qu’on appelle les oiseaux migrateurs : après avoir séjourné pendant tout l’hiver en Afrique, elles effectuent parfois jusqu’à 3 000 km pour retrouver le nid laissé l’année dernière et s’y reproduire avant de repartir avec leurs oisillons, lorsque l’automne arrive.
Trois des cinq espèces répertoriées se retrouvent ainsi dans la région Centre-Val de Loire. La plus connue est l’hirondelle de fenêtres. Délibérément citadine et grégaire, on la voit virevolter dans les rues et ruelles des villes comme des villages. Comme son nom l’indique, elle niche le plus souvent dans ou au-dessus des encadrements de fenêtres.
D’un tempérament plus rural, l’hirondelle rustique s’installe le long de poutres présentes dans les étables ou les granges. L’hirondelle des rivages est la plus petite des trois. Mesurant une douzaine de centimètres, elle niche quant à elle sur les berges des fleuves et rivières, ou encore dans les carrières de sables ou de granulats.
Espèces insectivores, ce sont des alliées précieuses pour l’homme car elles peuvent consommer chacune jusqu’à 3 000 insectes par jour pour nourrir leurs jeunes au cours de l’été.
L’hirondelle en grand danger
Pourtant, leur présence se raréfie d’année en année. D’après le Muséum National d’Histoire Naturelle, en 10 ans, la population d’hirondelles de fenêtre a diminué de 23% en France et la population d’hirondelles rustiques de 25%. Pour les martinets – une espèce voisine – la perte serait encore pire, de l’ordre de 46 %. Cette chute des effectifs est également ressentie en Centre-Val de Loire : ornithologues et grand public s’accordent à dire que les hirondelles sont bien moins nombreuses qu’avant, sans qu’aucun comptage précis n’y ait encore été effectué.
A l’origine de ce déclin, la raréfaction de leurs habitats avec la destruction de leurs nids ou la fermeture d’accès aux sites de nidification lors de travaux de rénovation de bâtiments. Autre cause clairement identifiée : l’artificialisation des sols, l’intensification de l’agriculture et l’utilisation massive de pesticides qui réduisent le nombre d’insectes.
Des espèces très protégées
Toutes ces espèces bénéficient pourtant de lois très protectrices. Il est ainsi formellement interdit d’enlever, de déplacer ou de détruire en toute saison leurs nids, de prélever des œufs, des poussins ou des adultes. Chacune de ces actions constitue un délit pouvant être puni de 150 000 € d’amende et de 3 ans de prison.
A la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), l’inquiétude est vive. Et pour la délégation Centre-Val de Loire, dont le siège est à Saint-Cyr-sur-Loire, près de Tours, l’hirondelle est devenue l’oiseau à défendre en cette année 2023. Conseils, formations en visioconférence pour reconnaître les différentes espèces et apprendre les bons gestes, ateliers pour apprendre à fabriquer des nids artificiels ou encore webcam permettant d’assister en direct à la nidification jusqu’à l’envol des oisillons, tout est fait pour vous aider à protéger les hirondelles.
Une carte d’observation interactive a même été établie, afin d’enregistrer et de visualiser l’arrivée des différentes espèces. Pour y contribuer vous pouvez remplir ce formulaire en ligne à chacune de vos observations.
Pour mieux les connaître, une sortie nature à la découverte des hirondelles sera organisée le 30 avril à Montlouis-sur-Loire par la LPO.
Prenez les bons gestes pour aider les hirondelles
Que vous soyez un particulier, propriétaire ou locataire, que vous représentiez une collectivité ou une entreprise vous pouvez contribuer à la sauvegarde de ces espèces fortement menacées.
- Conservez les accès aux granges, caves ou vieux bâtiments pour les hirondelles et les anfractuosités sous les toits pour les martinets.
- Disposez des bacs à boue pour aider les hirondelles à construire leurs nids.
- Posez des nids artificiels, spécifiques à chaque espèce.
- N’utilisez pas de produits chimiques à proximité des sites de reproduction afin de garantir une ressource alimentaire suffisante et saine.
Si vous devez rénover votre bâtiment :
- Regardez si des hirondelles ou des martinets sont installés sur votre façade
- Ne détruisez pas les nids, même s’ils sont inoccupés
- Faites une demande de dérogation de destruction d’habitat auprès des services départementaux
- Réalisez les travaux hors de la période de présence des hirondelles et des martinets (travaux possibles d’octobre à mars), après autorisation des services de l’État
- Posez des nichoirs artificiels en compensation si vous ne pouvez pas conserver les nids naturels.
Un dernier conseil : pour éviter les salissures, installez des planchettes sous les nids. La solution est très efficace !